Photographier les enfants en Inde, c’est s’approcher d’un monde vibrant, souvent brut, mais toujours habité d’une lumière singulière. Dans les rues encombrées de Delhi, sur les rives du Gange, dans les ruelles des bidonvilles ou les campagnes isolées, ils sont là — joueurs, rêveurs, travailleurs parfois, mais toujours intensément présents au monde.
Certains aident leur famille dès le plus jeune âge, vendent des fleurs, du thé ou recyclent les restes des villes. D’autres vont à l’école, en uniforme, sac au dos et sourire fier. D’autres encore, sans rien, inventent des jeux dans la poussière, transforment une boîte en voiture, une ficelle en trésor. Tous partagent cette incroyable capacité d’adaptation, ce mélange de gravité et d’insouciance qui bouleverse le regard.
À travers ces images, je ne cherche pas à dénoncer ni à idéaliser, mais à révéler. À offrir un instant suspendu, un face-à-face silencieux avec ces enfances indiennes, si diverses, si profondes. Chaque photographie est une tentative de capturer leur présence : une énergie, une force intérieure, un éclat de vérité.
Car l’enfance, ici comme ailleurs, n’est ni simple ni uniforme. Elle est à la fois vulnérable et résistante, joyeuse et lucide, enracinée dans les traditions et tournée vers demain. Et dans chaque regard photographié, il y a une promesse : celle d’un avenir encore ouvert, et d’un monde à écouter autrement.